RÈGLE DU JEU DE PALETS SUR PLANCHE A 5 MÈTRES PAR ÉQUIPE
Principe :
Le jeu se compose d'une planche en bois et de pièces rondes en
fonte. Il pourrait s'assimiler à la pétanque ; le terrain serait la
planche et les boules les palets.
Distance planche-joueur : 5 mètres à
l'extrémité de la planche.
Nombre de joueurs :
-
soit 2 contre 2, chacun à 4
palets (cas le plus fréquent)
-
soit 4 contre 4, chacun à 2
palets
Le choix des équipes :
Dans les parties amicales, on pose le maître au centre de la
planche, deux joueurs lancent chacun 1 palet; le plus près du maître
commence à choisir un premier partenaire, puis c'est au tour du second
et ainsi de suite.
La partie :
La première équipe constituée commence à jouer. On peut lancer 3
fois le maître si l'on manque la planche. En cas d'échec au 3ème coup,
l'équipe adverse lance le maître.
Celui qui a lancé le maître lance ses 2 palets, puis c'est au tour d'un
équipier adverse. Une équipe joue tant qu'elle ne domine pas. Puis c'est
au tour de l'autre.
Au jeu
suivant, c'est le gagnant qui lance le maître.
On va en
12 points. Seuls comptent les points des palets les plus proches du
maître.
On emploi
le mot "placer" l'orsqu'on tente de situer son palet le plus près
possible du maître.
On dit "chasser" ou "quiller" lorsqu'on tente de sortir le
palet adverse de la position qu'il occupe.
Un palet qui recouvre le maître "chapeau". En général, le chapeau
prime sur le palet qui touche le maître. S'il y a litige, on mesure avec
un compas, on dit "bucher". Si en cours de jeu, un joueur chasse
le maître hors de la planche, on recommence le jeu.
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RÈGLEMENT
DU JEU DE PALETS FONTE SUR PLANCHE BOIS
1. Les planches à palets
de concours ont les caractéristiques suivantes :
Les palets seront
obligatoirement en fonte et non acier ; non meulés dessous avec un poids
maximum de 155 grammes et minimum de 130 grammes . Les numéros de 1 à 12
sont sur la face supérieure, devront correspondre au TYPE-DAVID-MAT-BH
et être obligatoirement en relief. Les palets, avec numéros rentrants,
en couleur, ou peints sont interdits .
Seuls, les deux capitaines seront admis auprès de l’organisateur du
concours pour les réclamations.
2. Chaque joueur choisit
une ou plusieurs paires de palets ayant le même numéro .
3. Les joueurs doivent se
tenir à 5 mètres du bas de la planche, la plante des pieds sur la bande
.
4. Pour déterminer qui va
commencer la partie, un joueur de chaque équipe lance un palet. Le palet
le plus proche du maître détermine l’équipe ou le joueur qui débutera la
partie . Le joueur lance le maître sur la planche. Il a le droit en tout
à deux essais avant de passer la main à son adversaire qui aura le droit
également à deux fois .
5. Le joueur gagnant
lance le maître et joue deux palets . Par la suite, ce dernier ( ainsi
que son partenaire s’il y a des équipes) ne rejoue que lorsqu’il est
battu par un adversaire, ou alors en dernier .
6. Lorsque tous les
palets sont joués, le gagnant est celui dont le palet est le plus proche
du maître. C’est le gagnant qui relance le maître pour le jeu suivant .
7. Chaque palet du
gagnant le plus proche du maître compte pour un point. Le premier palet
du perdant se trouvant après le ou les palets du gagnant, arrête le
comptage des points du reste des palets .
8. Un palet qui a touché
ou qui est sur le sol est nul.
9.Un palet qui est sur le
sol est nul . Un palet qui a touché le sol avant de se positionner sur
la planche est mauvais et doit être retiré de la partie. Un palet peut
,en arrivant directement sur la planche, pousser les palets des équipes
adverses en dehors de la planche . Ceci est vrai même si le palet sort
lui aussi de la planche. Pendant la partie ; si le joueur met le maître
en dehors de la planche, la partie est annulée et doit être rejouée.
Entre un palet qui touche le maître et un palet qui le chevauche, c’est
le palet qui chevauche qui gagne.
10. Il est formellement
interdit de changer de joueur pendant les concours . Tout équipe
incomplète, au début du concours, pourra jouer avec 2 palets par joueur.
11. Une partie se joue en
12 points, la belle en 15 points.
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ORIGINES
CHEZ
LES FOLKLORISTES
Dans la Haute
Bretagne, les folkloristes ORAIN, DE COMBE, SEBILLOT, BUFFFT...
signalent parfois le jeu de palets, le retiennent au grè d'un conte sans
s'étendre sur ses caractristiques sa règle ou ses règles, son usage,
alors que dès 1835, en Basse Bretagne, sur une gravure d'Olivier
Perrin (1800-1810), Alexandre Bout décrit le jeu de la galoche,
la galoche étant le but du jeu du palet. Mais ces absences ou omissions
(?) dans les recueils érudits sont plus significatifs de la dispersion
et de la diversité des intérêts que de l'existence ou non d'un
jeu.
Ceci rend d'autant plus précieux l'ouvrage publié par Louis ESQUIEU en
1890: "Les jeux populaires de l'enfance à Rennes". Le
sujet même de l'ouvrage restreint la pratique du palet aux enfants, qui
peuvent fabriquer "économiquement (des palets) en ardoise ou en pierre".
Le palet se joue alors dès l'automne, sans planche, mais les pièces du
jeu que nous connaissons (palets + maître), "petits disques
concavo-convexes et portant un numéro en relief sur la partie convexe
généralement en fonte sont déjà là .
AU
MOYEN AGE
Si des ordonnances des rois de France, Philippe V le Long en 1319, et
Charles V en 1369, interdisant le jeu de palets, nous en rappellent,
sans la décrire, la pratique courante au Moyen-Age, dans les limites de
leur royaume, rien ne nous autorise à l'étendre au domaine des ducs
bretons, pas plus que nous nous autoriserons à l'en exclure...
Des recherches et travaux récents sur les villes, sur les fêtes et les
jeux en Bretagne au Moyen-Age, n'ont pas par ailleurs permis aux
historiens, à ce jour, de nous le citer au nombre des jeux reconnus;
tels que le jeu de paume, le casse-tête, les joutes, la lutte bretonne,
la soule, le papegaut, la quintaine...
Noël du FAIL, attentif observateur des moeurs paysannes du Pays de
Rennes, ne semble pas l'avoir remarqué. Il n'en souffle mot ni dans les
"Baliverneries d'Eutrapel" (1548) ni dans les "Propos
rustiques" (1549). Il nous a, par contre, laissé une remarquable
description d'une partie de lutte, certes spectaculaire.
LE
PALET DANS LES NOMS DE LIEUX
Autre source pour notre recherche : la toponymie, autrement dit l'étude
des noms de lieux. La toponymie demeure quasiment muette; un
dénombrement des noms de lieux, partant de la lecture d'une nomenclature
dressée par l'institut National de la Statistique (I.N.S.E.E.) pour
l'Ille-et-Vilaine, nous fait découvrir un Palet en la commune de Taillis
à une trentaine de kilomètres à l'est de Rennes, quelques kilomètres au
nord de Vitré, aux marches donc de la Bretagne .
Comme pour les légendes de Gargantua, il ne nous a pas été possible de
dater le nom du lieu cité ici.
ÉVOLUTION DU JEU AU
XXe SIÈCLE : LA NAISSANCE DES ASSOCIATIONS ET LE DÉVELOPPEMENT DES
CONCOURS
Des témoignages recueillis il y a peu de temps à Dourdain (1983) nous
ont laissé entendre que la planche ne serait apparue que récemment,
protégeant en intérieur le sol des maisons, en extérieur, les palets
mêmes des pavés ou du macadam. Nous pensons, pour notre part, que la
planche, dont les proportions ne sont pas sans rappeler celles du
plateau d'une bascule, plateau utilisé dans les fermes pour les parties,
serait apparue et se serait développée dès les années 20, non sans le
maintien de la tradition du jeu sur la terre battue ou non. La
Société des paletistes à Rennes, se donne pour but, dès 1923, année
de sa fondation, "d'enseigner et de développer le palet tant sur la
terre que sur la planche", formulation reprise, en 1948, par la
Société
paletiste de Montfort-sur-Meu.
Au début de ce siècle, à Rennes, on jouait au palet surtout,
semble-t-il, sur le Champ de Mars, aussi Champ de Foire. C'est sur le
Champ de Mars que se tint en 1947 le second concours régional de
palets après Mure-de-Bretagne en 1946. Nous nous sommes interrogés
sur une éventuelle origine rurale du jeu qui se serait aussi, plus
tardivement, introduit en ville. Il ne nous est pas possible de vérifier
cette hypothèse.
Au
cours de ce siècle, le statut du jeu s'est modifié.
Jeu individuel, il est de plus en plus jeu d'équipe. De jeu, il tend à
devenir une " pratique sportive ". Le concours, qui naît et se
développe, lui donne une règle écrite, il le codifie; des
associations, déclarées en Préfecture se créent (septembre 1923).
Depuis, une trentaine d'associations ont vu le jour dans cet
arrondissement, essentiellement l'est de l'axe Saint-Malo - Rennes -
Chateaubriand. Si la plupart de ces sociétés s'engagent "à enseigner et
développer" la pratique du palet, bon nombre souhaitent avant tout
raffermir les liens d'amitié et de bon voisinage entre les joueurs.
Quelle fut l'évolution de la
pratique du jeu à travers ces sociétés?
A la veille de la seconde guerre, il existe une Fédération des sociétés
paletistes d'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord, témoignant d'une part
de l'étendue d'un jeu obéissant à une seule règle, du développement
d'autre part des sociétés, mais aussi de confrontations nombreuses qui
annoncent les grands concours des années soixante-dix.
D’un sondage à travers la presse (Ouest-Eclair, autour des mois d'été -juillet-août
- de 1902, 1912, 1922), nous retiendrons l'enseignement suivant: la
période entre les deux guerres paraît coïncider avec l'emploi du mot
concours et une présence trés grande de ce jeu dans toutes les
manifestations populaires. Entre le 4 juillet et le 2 août 1922, sont
organisés des concours à Corseul, puis à Broons, pour les Côtes-du-Nord
; en Ille-et-Vilaine, la réunion des coiffeurs rennais à Cesson est
l'occasion de concours, concours aussi à Rennes pour la fête de la Place
de la halle aux blés, pour la fête du pont de Châtillon, pour la fête du
quartier de la gare.... concours à Tintniac, à Miniac-sous-Bcherel (à
l'occasion de la fête nationale), à Montreuil-sur-Ille. Les prix en
argent sont donnés aux gagnants. Quant aux dames, puisqu'il est des
concours de dames (à Cesson, Tintniac) elles reçoivent des objets d'art.
Depuis, la Fédération a disparu. Est-ce la guerre qui,
interrompant ses activités, remit un terme à son existence? La guerre
aurait-elle amorcé une période de déclin, le regain du jeu se situant
dans les années soixante-cinq ?
Dans l'arrondissement de Rennes, de 1923 à 1938 se créent cinq sociétés;
de 1948 à 1962, 5 autres sociétés apparaissent. Aucune déclaration n'est
faite en Préfecture de 1963 à 1967. De 1968 à 1982, 17 sociétés déposent
leurs statuts.
La multiplication des sociétés, vraisemblablement liée au
développement du phénomène associatif, s'expliquerait elle aussi par le
développement des concours, ou correspondrait-elle, après 1968, à
travers le jeu-concours, à une recherche ou à l'affirmation d'une
identité culturelle? D'autant qu'il ressort des conversations que
nous pouvons avoir avec les joueurs que ce jeu est vécu, dans sa
pratique, comme "étant d'Ille-et-Vilaine"; à preuve, lorsqu'il est joué
ailleurs, ce sont des gens d'ici qui l'y ont transporté...
Le jeu de palets est demeuré un jeu populaire, par l'occasion qui fait
les rencontres (fêtes populaires et de quartiers ... ), le lieu et les
acteurs mêmes , “ouvriers et paysans” chez Esquieu; trois des gagnants,
sur les onze, du concours de Broons en 1922, dont on ait noté la
profession sont : cordonnier, bourrelier, hôtelier. Les jeunes viennent
nombreux aux concours, mais c'est essentiellement un jeu d'homme, (alors
que nous avons rencontré, avant la guerre, des concours de dames). Il
est à l'usage de groupes sociaux limité aux quartiers, voire à la
famille et aux proches, dans les fermes, entre autres, le dimanche et
jours de fête. Le café est toujours, en ville, un lieu privilégié de
rencontres, même si quelques salles ont vu le jour (Paul Bert à Rennes,
par exemple). Les parties se font désormais en un endroit réservé, alors
qu'il y a quelques années, tout au moins en campagne, une partie
succédant une autre, conduisait les joueurs dans un cheminement à
travers les rues du bourg ou autour du village, de café en café.

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